CHANGCHUB
Cultivating Buddha Mind

Friday, June 11, 2010

la vraie nature de l'esprit

On peut se demander, qu'est-ce que l'esprit? Souvent notre réponse est que l'esprit est ce qui se passe dans la tête - les idées, les pensées, peut-être aussi les émotions, positives ou négatives. L'enseignement bouddhiste est que toutes ces choses sont les qualités de l'esprit, et non sa nature. L'esprit a donc deux aspects: ses qualités qui s'expriment, et sa nature. La nature de l'esprit ressemble au soleil, alors que les qualités sont comme les rayons du soleil. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes.

La nature de l'esprit est très difficile à décrire. On fait parfois l'expérience de cette nature alors que les qualités de l'esprit cessent - les pensées, idées, etc. se calment. Alors on voit que derrière tout ça il y a une sorte d'ouverture paisible, de l'espace. Cet espace n'est pas le vide, mais une ouverture cognitive, totalement consciente, paisiblement vigilante. Cet espace est toujours là, même quand les pensées sont sauvages et vagabondent, mais on ne le perçoit pas.

Les qualités de l'esprit sont très éphémères. Ils vont et viennent, apparaissent et disparaissent. On peut facilement se rendre compte que l'esprit ne cesse pas quand ces qualités disparaissent. Il reste bien quelque chose quand on a déjà terminé de penser à ce qu'on va faire a manger ce soir, et on n'a pas encore eu l'idée de donner un coup de téléphone. Pendant la méditation, quand tout cela, toutes les qualités de l'esprit, se calment, la nature de l'esprit est toujours là. Il est même très clair.

Attention, ce n'est pas l'égo. Ce n'est pas "moi". "Je" n'existe pas, et on peut s'en rendre compte en le cherchant. La vraie nature de l'esprit est la nature de tout phénomène. En contactant cette nature on entre en contact avec tout phénomène dans sa vérité absolue (la vacuité d'existence propre).

La nature de l'esprit, c'est la conscience pure. C'est ce qui est simplement conscient, sans embellissement, une simple présence éveillée. C'est, comme dit Mathieu Ricard, «ce qui dans la colère voit la colère sans être la colère ni s'y laisser entraîner» (2008). C'est une conscience non-conceptuelle, et donc pure et non-erronée.

Depuis cette conscience pure surgissent les pensées, et dans la conscience pure elles se dissolvent. En fait, on peut constater que tout phénomène surgit et se dissout dans la conscience pure. L'esprit est comme l'océan vaste et profonde, et ses qualités sont comme les vagues qui occupent qu'une toute petite surface sur l'océan, sans être autre que l'océan.

On peut considérer l'espace comme le fondement en lequel s'organisent tous les autres éléments, et à partir duquel se manifestent à la fois notre monde temporel familier et notre monde sacré éveillé. (Wangyal Rinpoché, 2002)

Il faut apprendre à reconnaître notre vraie nature, et à y demeurer. Ce n'est pas évident. On a peut-être tendance a se dire, «ce n'est pas cela, c'est trop simple et trop ordinaire.» Pour cette raison, on a du mal a reconnaître la nature de l'esprit. Il faut accepter que ça n'a rien d'exceptionnel, que la conscience pure est en effet la conscience simple. Et il faut apprendre a ne pas rechercher la prochaine pensée.

Ainsi, on se repose dans la nature de l'esprit.

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Ricard, Mathieu (2008). L'art de la méditation (p. 129). Paris: NiL éditions.

Wangyal, Tenzin Rinpoché (2002).
Les sons tibétains qui guérissent: Sept pratiques guidées pour écarter les obstacles, faire s'épanouir les qualités et découvrir votre sagesse inhérante (p. 29). Saint-Cannat.: Claire Lumière.

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